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Les Petites collines De Ma Cousine


by dris khali


Les petites collines de ma cousine

   Vous savez, ma mère a eu peur du fait que je ne résiste  plus.        

 Elle avait mille fois raison :

 Mes quatre sœurs  ont toutes rendu l'âme avant que l'été nous montre ses fruits.

 C'était dur, disait ma mère, de  ne pas voir mes fleurs   s'épanouir.

 Moi, le petit veau de ma mère,

Je suis venu au monde sans que je le veuille.

Il y avait plein de lait dans les seins de ma mère.

 Surement, je n'avais rien à faire dans cet étrange monde sauf téter...

C'était ma seule raison d'être ;

 Ma seule façon de dire à ma mère qu'elle n'a rien  à craindre.

 J'ai sucé et  pleuré,

Oh ! Le lait de ma mère qui coulait dans ma  bouche avait le gout du vrai lait.

  Ma mère, qui n'avait pas  le choix de choisir son diner, était très heureuse de me regarder  grandir chaque jour. Ses chèvres, ses poules, ses abeilles, son jardin, ses oliviers étaient là prêts à lui offrir tout ce qu'ils pouvaient offrir.

Pour son intérêt, je grandissais et grandissais.

M. Freud avait tort.

°°°

  Un jour de printemps,

 J'eus trois ans, Juste trois ans et quelques papillons.

 Ma cousine m'a pris par mes propres yeux,

Mes propres yeux qui étaient en train de grimper ses petits seins de raisin.

 Juillet vint ces jours-là

Chaud,

 Ouvrant ses chaleureux  bras

 Aux chèvres de ma mère, sa vache, son chat

Et même aux rats

 Que ma cousine  n'aimait pas.

°°°

Je me souviens :

Au milieu d'une nuit de jasmin

 Je me suis réveillé

Souriant et tout mouillé

Je n'avais rien  dans mon jardin.

 J'avais dix huit ans et   trois slips.

 Ma cousine  de qui j'ai  mille et une nuits rêvé  était partie.

 On m'a dit qu'elle avait suivit

 Le chemin que lui a montré son chevalier.

°°°

Y a  trois  soirées,

 Quelques boules de neige ont envahi mon sommet

J'ai cru franchir l'âge de la maturité.

A quarante-huit ans, Ma mère m'a chuchoté ceci :

Ta cousine s'est réveillée  une nuit d'un décembre,

Le  temps était noir comme l'abime d'un puits,

Et il y avait  un Frankenstein dans sa chambre ;

 Il disait qu'il aimait, lui aussi,

 Ses jolis seins ronds, bruns et grands.

°°°

La vie, cette porte qui s'ouvre sur l'imprévu,

Comme disait ma mère,

Doit continuer ainsi.

°°°

Dans un mois et quelques épines viendra l'automne,

  J'aurai soixante-sept ans et trois cent soixante-quarte jours.

 C'est vrai que  j'ai tout perdu :

 Le pain et le lait de ma mère,

 Les seins  et les doigts de ma cousine,

 Mes papillons…

Mais j'ai encore  et encore

Une heure  et un rêve  devant moi.

Vous savez, ma mère me disait autrefois

Qu'on ne peut rien faire contre les rêves de l'aube

 Et les vrais choix.

 

 

Driss khali

 

 

 

 

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